Nous, docteur·es et doctorant·es, vacataires et contractuel·les au département de sociologie de Dijon, prenons aujourd’hui la parole pour dire notre colère face aux dysfonctionnements structurels au sein de l’Université de Bourgogne, qui nous mettent, nous et nos collègues titulaires, dans des situations ubuesques. Nous tirons la sonnette d’alarme !

L’Université de Bourgogne, comme tant d’autres universités en France, recourt aux vacataires et aux contractuel·les pour réaliser des missions pourtant pérennes. Ainsi, en termes d’enseignement, nous vacataires, assurons en moyenne 20 % des enseignements des formations de l’Université de Bourgogne. Et au département de sociologie cette proportion grimpe à près de 30 %.

Le statut de vacataire est, à l’origine, pensé pour que des spécialistes, qui ne seraient pas enseignant·es-chercheur·ses à l’université, puissent venir effectuer quelques heures de cours dans leur domaine de spécialité. Cependant aujourd’hui ce statut est utilisé pour pallier le manque de postes, puisque sans nous, la continuité des formations ne peut être assurée : en comptant les vacations ainsi que les heures complémentaires imposées aux enseignant·es titulaires, ce sont en effet 46% des cours qui dépassent le cadre normal des enseignant·es-chercheur·ses. Nous sommes donc des rouages essentiels du fonctionnement de l’université.


Doctorant·es (bien souvent non financé·es, notamment en Sciences Humaines et Sociales) et docteur·es sans postes, nous sommes payé·es deux fois dans l’année, nous commençons nos cours bien souvent plusieurs semaines (à plusieurs mois !) avant que nos contrats de travail ne soient effectivement signés. Nous sommes par ailleurs rémunéré·es à l’heure de cours effectuée, ce qui, lorsqu’on prend en compte le temps de préparation des enseignements et le temps de corrections des copies, donne une rémunération en dessous du SMIC horaire.

Au-delà de nos situations personnelles, bien souvent complexes, nous constatons tous les jours les difficultés de nos collègues titulaires, qui tentent de « faire tourner » l’université avec des ressources toujours plus limitées, et en faisant face aux injonctions contradictoires de l’administration, la surcharge de travail qu’induit le nombre croissant d’étudiant·es et les tâches ingrates auxquels oblige l’indigne sélection mise en place par Parcoursup ! Sans compter les charges administratives qui s’alourdissent tout particulièrement avec la situation sanitaire actuelle. Nous sommes contraint·es d’adapter les modalités d’enseignement, sans matériel et sans moyens supplémentaires, et dans des situations d’incertitude absolue sur l’évolution de la situation. Nous sommes toutes et tous au maximum de nos services et heures complémentaires et supplémentaires, à tel point que, quand l’un·e ou l’autre doit s’absenter pour quelques raisons que ce soit, nos équipes sont au bord de l’effondrement ! Et nous ne disons rien ici du sens perdu de notre travail : participer à un vrai service public de l’enseignement supérieur gratuit et ouvert à toutes et tous, systématiquement saboté par les réformes en cours du lycée et de l’ESR !

C’est pour ces raisons, et face au manque de réponse de la part de l’administration, que nous avons pris la difficile décision d’entamer un mouvement de grève illimitée à partir du lundi 23 novembre 2020 à 8h. Ce mouvement prendra fin lorsqu’un dialogue nous sera proposé.

Nos revendications sont les suivantes :

  • Mensualisation des rémunérations des vacataires
  • Souplesse vis-à-vis des « revenus extérieurs » insuffisants des vacataires, particulièrement en cette période de crise sanitaire
  • Titularisation des contractuelles et contractuels exerçant des fonctions pérennes à l’université
  • Ouverture au minimum d’un poste d’ATER et globalement plus de moyens humains dans les composantes de l’Université de Bourgogne

Si vous connaissez une telle situation dans votre département, n’hésitez pas à nous contacter : precairesdijonesr@protonmail.com

Pour celle et ceux qui se sentiraient désireux·ses de nous soutenir, et qui le peuvent, nous avons mis en place une caisse de grève afin d’éponger en partie la perte financière que recouvre notre engagement pour la fin d’année 2020.

Nous ne lâcherons rien et poursuivrons, si besoin est, cette grève en 2021.

Illustration : photo prise à Paris lors de la journée de visibilisation de la précarité du 11 février 2020.

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