La conférence de presse d’Édouard Philippe du 19 avril s’est grandement approchée de  l’absurde. Tout juste avons-nous pu en tirer une confirmation : ce gouvernement navigue à vue et son utilité est incertaine. Depuis le début de la crise du Covid-19, le mieux qu’il fasse (trop rarement hélas) c’est de relayer les analyses et décisions de personnes compétentes (chercheur·ses, médecin·es, soignant·es, etc.) auprès d’autres, qui devront les mettre en œuvre. Le plus souvent, malheureusement, il est une force de nuisance, qui empêche que les bonnes décisions soit prises. 

Les enseignant·es du primaire et secondaire ont appris les modalités de la reprise des classes en lisant dans la presse les compte-rendus de l’intervention de Jean-Michel Blanquer à l’Assemblée : “la profession n’en peut plus de découvrir par surprise ce qui se décide sans elle” dénonce Stéphane Crochet, comme bien d’autres.

A l’université, là encore ce sont les verrous hiérarchiques et l’incapacité à prendre des décisions claires qui pénalisent tant les travailleur·ses que les étudiant·es. A ce titre, le silence de Frédérique Vidal est éloquent : elle profite du confinement pour faire passer discrètement des mesures qui renforcent les dynamiques de précarisation et de privatisation de l’université et de la recherche. 

Alors que de nombreux·ses étudiant·es vivent actuellement dans des conditions terribles, le ministère et la majorité des présidences continuent à faire comme si de rien n’était. Il faut que des examens se tiennent à distance, coûte que coûte, et peu importe que cela ajoute aux souffrances des étudiant·es qui affrontent les situations les plus difficiles et que les inégalités flambent. Refusons les examens en ligne et signons la pétition nationale !

Les travailleur·ses sont également malmené·es par cette “gouvernance” qui en fait de simples pions. Comment pour les écoles, collèges et lycées, les conditions du déconfinement dans les facs et labos sont pour le moins floues ce qui laisse craindre le pire, tant sur les plans sanitaires que sociaux. Pour connaître les difficultés rencontrées par les précaires et y faire face collectivement, des outils de recueil de témoignages et une enquête en ligne ont été mises en place.

Dans cette période difficile, il est plus que jamais nécessaire de prendre soin les un·es des autres, ainsi que de nos collectifs militants. Nous continuons à organiser la solidarité, notamment avec des caisses qui permettent une solidarité économique, mais également avec des distributions alimentaires, qui se multiplient à Saint-Denis, Paris, Lyon ou encore Bordeaux.

Aujourd’hui, il est difficile d’imaginer ce que seront l’université et la recherche dans les prochains mois. Dans quelles conditions la rentrée 2020 pourra-t-elle avoir lieu ? Comment organiserons-nous nos luttes après le déconfinement, alors que “l’urgence sanitaire” se prolongera, et interdira sans doute les rassemblements ? Quelles stratégies de luttes collectives pourrons-nous élaborer avec les autres secteurs, en particulier les autres services publics ?
D’ores et déjà, il nous faut reprendre les discussions au sein de nos collectifs pour préparer une rentrée universitaire et sociale à la hauteur des défis qui nous font face ! A défaut de nous réunir rapidement pour une troisième coordination nationale, nous ferons en sorte, dans les prochaines semaines, d’échanger tou·tes ensemble grâce aux outils numériques.

Plus que jamais, nous avons besoin de la force de nos imaginations. C’est pourquoi la Confinée Libérée vous propose une dystopie où la réalité rejoint la fiction : découvrez les Chroniques d’une apocalypse universitaire annoncée. Bonne lecture !

Illustration : photographie prise par ALFB le 5 mars lors d’une action du PUL (collectif des précaires de Rennes), place Hoche à Rennes.

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