Le gouvernement est lancé dans une entreprise de destruction de l’université publique, avec deux lignes : sélection des étudiant·es par l’origine sociale et la préférence nationale d’un côté, précarisation des personnels de l’autre. Pour nous, la hausse discriminatoire et xénophobe des frais d’inscription pour les étudiant·es étranger·es constitue un point de non retour définitif dans la remise en cause de l’université publique, déjà grandement attaquée par la loi ORE et ParcourSup l’année dernière. Il est temps de jeter toutes nos forces dans la bataille.

Nous vous appelons tou·te·s à soutenir les initiatives des étudiant·e·s mobilisé·e·s, et à lancer des mouvements de rétention des notes ayant pour mot d’ordre la lutte contre les frais d’inscription des étudiant·e·s et contre la précarité des personnels. Nous sommes disponibles pour vous soutenir et aider à la coordination des mouvements au plan national.

L’année universitaire prochaine, les étudiant·e·s extra-communautaires devront s’acquitter de 2770 euros pour étudier en licence, 3770 pour étudier en master. Pour celles et ceux qui n’auraient pas saisi l’ampleur de la transformation qui est à l’oeuvre, concrètement cela représente la fin du service public universitaire, légitimée par la xénophobie, comme l’explique très justement Achille Mbembe.

Précarité à l’Université

Concernant la situation de l’emploi à l’université, elle est désastreuse : 130 000 vacataires dont 17 400 effectuant au minimum 96 heures équivalent TD par an, soit 13 000 postes d’enseignant·es chercheur·ses remplacés par des vacataires, 15 250 en y ajoutant les contrats LRU. L’étude de plusieurs bilans sociaux d’universités suggère qu’en intégrant les heures complémentaires, le nombre de postes manquants serait de l’ordre du double. Ajoutons à cela que plus de 60 % des doctorant·e·s en ALLSHS effectuent leur thèse gratuitement, 40 % toutes disciplines confondues, tandis que les vacations sont aujourd’hui rémunérées 17 centimes sous le SMIC horaire.

Ces chiffres se traduisent en des expériences de souffrance au travail, de précarité et d’incertitude que nous connaissons toutes et tous et subissons au quotidien. Si certain·e·s d’entre nous côté jeunes chercheur·se·s, minoritaires en ALLSHS, sommes dans des situations plus normales, pour un grand nombre celle-ci a depuis longtemps dépassé le stade du supportable.

Cet état des lieux, le gouvernement actuel en a conscience, il lui a été exposé à plusieurs reprises et il l’accueille sans surprise. Le projet du gouvernement est connu : désengager l’Etat de l’université, en finir avec le recrutement de fonctionnaires dans la recherche publique, faire exploser les frais d’inscription, et assécher de financements publics les ALLSHS.

Répression à l’Université

Et que font les universités lorsque les étudiant·es (et une part minoritaire des personnels EC) se mobilisent ? Elles répriment :

Et ce, rien que pour cette année – nous n’oublions nullement la répression du mouvement de l’an dernier, avec manœuvres violentes de CRS, couverture d’interventions coups de poing de groupuscules d’extrême-droite, et parfois lâchers de chiens sur les étudiant·e·s et personnels mobilisé·es.

Concrètement, qu’est-ce que les équipes présidentielles de ces établissements nous reprochent ? D’être opposé·es aux mesures mettant en œuvre la sélection sociale et la sélection par l’argent ? De vouloir se rassembler pour recréer du lien social et mettre en place des dispositifs de politisation au sein de leur fac ? De dénoncer les violences sexuelles et sexistes qui ont cours au sein de leur établissement, tandis que la présidence fait la sourde oreille ? De s’opposer à l’application du programme du Front National au sein des universités du fait de la mise en place de la préférence communautaire ?

Résistance à l’Université !

Face à ces réformes et la répression, rester silencieux·ses, c’est les cautionner. Apportons tout le soutien que nous devons aux étudiant·e·s qui se mobilisent, et joignons-nous à elles et eux, en AG, en rassemblement, et en manifestation, et usons des instrument qui sont à notre disposition. En particulier la grève pour appuyer et accentuer la mobilisation.

Enfin, nous vous en avions déjà parlé à plusieurs reprises, la rétention des notes nous semble être un outil pertinent pour mettre à mal le fonctionnement routinier d’une Université qui a quitté les sentiers du service public sous le poids des réformes. Afin de mettre, au sein de votre établissement, de votre UFR, de vos AG, ce mode d’action en discussion, nous avons réalisé un vade-mecum de la rétention des notes, dont nous espérons qu’il vous sera utile.

Merci de nous écrire (bureau@ancmsp.com) pour nous informer de la situation dans votre établissement, nous sommes disponibles pour aider à soutenir et coordonner les mouvements locaux.

Bonne semaine, et vive la grève,

Le bureau de l’ANCMSP

–ANCMSP – Association nationale des candidat.e.s aux métiers de la science politique
Créée en 1996, l’ANCMSP a vocation à collecter et diffuser toute information et toute opinion relatives aux recrutements universitaires et extra-universitaires, à la politique nationale de la recherche et à l’actualité scientifique, dans le domaine de la science politique et dans les disciplines proches – sociologie, histoire, etc.

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