La hausse des frais d’inscription pour les étudiant·es étranger·es n’est qu’une étape vers la hausse généralisée. Elle a en effet été précédée de très nombreuses exceptions à la tarification nationale : à Sciences Po Paris en 2003 puis à l’Université Paris Dauphine, dans les grandes écoles d’ingénieurs, mais aussi dans de nombreux diplômes d’établissement et masters internationaux de la plupart des universités. Sciences Po Paris nous donne donc une idée de l’évolution à attendre une fois la hausse lancée : le plafond des frais d’inscription, fixé à 4 000 € en 2003, est monté progressivement pour atteindre actuellement 14 000€.
A côté de ces expérimentations pratiques, une longue série de travaux préparent en théorie la généralisation des frais d’inscription. On peut au moins remonter jusqu’au rapport d’Elie Cohen et Philippe Aghion en 2004. Dès cette date, il s’agit à la fois de défendre théoriquement la hausse, mais aussi de définir les conditions politiques de sa mise en œuvre : « Pour éviter de se heurter à un front de résistance interne et externe qui conduirait à l’échec, la réforme doit être menée pas à pas, sans proclamation tonitruante ». Depuis, Terra Nova, l’INSEE, l’IGAENR et l’IGF ou encore France Stratégie et la Cour des comptes ont livré des scénarios clé en main pour augmenter les droits d’inscription dans les universités.
La note signée Robert Gary-Bobo, issue des MacronLeaks, est d’autant plus explicite qu’elle devait être confidentielle. Dans cette note, on peut lire que la hausse est « le nerf de la guerre » et doit viser 8 000€ en Licence et 10 000€ en Master. Mais aussi qu’il ne faut surtout pas annoncer cet objectif, qu’il faut « bannir les mots de concurrence et d’excellence » et les remplacer par « ouverture et diversité ». Et pourquoi pas « Bienvenue en France » ?
A reblogué ceci sur E-Portfolio 2016-2017.
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