Le 30 mars dernier, les Assises de la Précarité dans l’ESR (organisées à l’initiative du SNESUP-FSU et en partenariat d’abord avec les autres syndicats puis avec certains collectifs de précaires) ont rassemblé plus de 130 personnes, dont 32 % de personnels précaires de l’ESR. L’équipe d’animation de la page Facebook « Précarités de l’ESR mobilisées » avait, en vue de cette rencontre, diffusé un questionnaire sur les relations entre personnels précaires (organisé·es en collectifs ou non) et les syndicats de travailleur·ses de l’ESR (composés majoritairement de titulaires), relations nouées dans le cadre de problématiques individuelles ou de mobilisations collectives. Il s’agissait de réaliser un bilan de ces relations, mais deux questions visaient également à réfléchir à ce qui pourrait favoriser un rapprochement entre précaires et syndicats : « Faut-il créer des sections de précaires au sein des syndicats ? Quelles actions et attitudes les syndicats devraient-ils adopter pour mieux soutenir les précaires dans leurs démarches individuelles et leurs luttes collectives ? »
Voici une analyse élaborée à partir des résultats de cet appel à témoignage. Elle a été produite par des titulaires et non-titulaires de l’ESR, syndiqué·es à Sud Éducation et au SNESUP.

Dans ce texte, nous nous attachons à faire une synthèse des 33 réponses reçues. La plupart font état d’une inscription en doctorat. 10 d’entre elles donnent plus de précisions : parmi les répondant·es on compte notamment 3 contractuel·les BIATSS (dont 1 ingénieur·e de recherche, 1 ingénieur·e d’études, 1 personnel de bibliothèque), 3 ATER, 1 doctorant·e contractuel-le, 1 vacataire, 1 enseignante contractuelle (contrat LRU?), 1 contractuel·le étudiante.

Surtout des militant·es

Parmi ces personnes, moins de la moitié (15 sur 33) indique avoir déjà fait une demande d’aide individuelle à un syndicat. En revanche, plus de la moitié (21 sur 33) indique avoir « tenté, lors de mobilisations collectives, locales ou nationales, de travailler avec des syndicats». On note par ailleurs 12 personnes ayant répondu positivement à la fois à la question sur une éventuelle demande d’aide individuelle à un syndicat et à celle sur un travail commun de mobilisation avec les syndicats. 

Il y a donc un élément de corrélation entre aide individuelle et mobilisation collective, sans que le questionnaire permette d’établir si le premier a pu faciliter le second ou vice versa. Surtout, le questionnaire semble avoir été rempli principalement par des personnes qu’on pourra qualifier de militant·es : seul·es 3 personnes qui ont demandé une aide individuelle ne font pas état d’une implication dans des luttes, et 9 personnes se sont impliquées dans des luttes de précaires sans faire état de demande d’aide individuelle.

Cette impression est confirmée par le taux de syndicalisation : 22 répondant·es sur 33, donc très largement supérieur au taux de syndicalisation dans notre secteur. L’organisation d’appartenance est rarement mentionnée (la question n’était pas posée), sinon 7 mentions explicites de SUD éducation, 1 SUD Recherche, 1 Solidaires Etudiant·es, 1 SNESup, 1 FERC-CGT (ainsi que des évocations implicites de SUD éducation – syndicat intercatégoriel – et du SNESup – à travers ses AG locales).

Des luttes

Si le questionnaire ne posait pas de questions sur les luttes et mobilisations menées, mais directement sur le travail éventuel avec des syndicats dans le cadre de ces dernières, celles-ci apparaissent dans les réponses. 

Des luttes spécifiques pour les droits des précaires

Une série de luttes pour les droits des précaires sont évoquées, certaines situées précisément :

  • La lutte des doctorant·es de Paris 1 pour l’abrogation des frais d’inscription en doctorat, la mensualisation des vacations et la contractualisation des vacataires
  • La lutte pour la mensualisation des vacations menée par le collectif de précaires (contractuel·les et vacataires) de l’université de Poitiers
  • La mobilisation des contractuel·les de la Bibliothèque Universitaire des Langues et Civilisations pour obtenir un salaire égal aux titulaires remplissant les mêmes fonctions.

D’autres luttes sont évoquées, sans qu’il soit possible de les situer précisément (ce que l’enquête ne demandait pas, de manière à garantir l’anonymat des réponses):

  • Une mobilisation pour les étudiant·es et les enseignant·es précaires (doctorant·es ATER) et contractuel·les BIATSS
  • Un collectif de précaires, composé majoritairement de contractuel·les étudiant·es non syndiqué·es
  • Une mobilisation collective de vacataires 
  • Luttes locales contre l’ouverture de chaires junior

Des luttes intercatégorielles

Les réponses au questionnaire font cependant aussi ressortir que les collègues précaires se sont investi·es, dans des collectifs et/ou avec les organisations syndicales, dans des luttes intercatégorielles :

  • Mobilisation contre la loi ORE, Parcoursup et la sélection à l’Université (2018)
  • Lors des mobilisations contre la réforme des retraites et la LPR (épisode de mobilisation le plus fréquemment évoqué).

Cela permet de contrer l’impression, qu’on pourrait avoir, de précaires et de collectifs de précaires aux réflexes et aux revendications exclusivement catégorielles ou particularistes, là où les syndicats seraient d’emblée positionnés sur des luttes plus larges : ce n’est absolument pas le cas d’après ce que montrent les réponses de ces enquêtes, qui renvoient d’ailleurs aussi les syndicats à leurs logiques catégorielles et corporatistes de titulaires.

Cela souligne aussi l’articulation fréquemment observée entre la formation de collectifs de précaires et les périodes de luttes intercatégorielles. Une répondante écrit ainsi: « J’ai contribué à monter un collectif précaire à Nantes (2016, loi travail) puis à Brest (2020, LPPR)

Précaires et syndicats : quel bilan ?

De manière très succincte, les retours des répondant·es pourraient être résumés comme l’a fait un·e d’entre eux : « ça dépend des syndicats et des circonstances : bilans des fois très positifs, d’autres catastrophiques

Des éléments positifs

Commençons par les éléments positifs notés par de nombreuses et nombreux répondant·es. Au niveau des demandes d’aide individuelle, plusieurs répondant·es soulignent des réponses (rapides et efficaces) et un accompagnement dans des procédures juridiques. Pour ce qui est du travail en commun dans les mobilisations, on peut ranger ces éléments positifs dans les grandes catégories suivantes :

  • Apport de conseils et de compétences techniques : informations, aide pour accéder au RSST, analyse politique et historique.
  • Apport d’un soutien moral : des syndicalistes ainsi que des membres d’un collectif de précaires « m’ont rassuré et m’ont aidé à prendre confiance en moi
  • Apport d’une aide matérielle : appui logistique (impression de tracts par ex.), aide financière (par ex. pour compenser des pertes de salaires occasionnées par la lutte).
  • Action de visibilisation : soutien public, relai des communiqués de collectifs de précaires et actions à destination de l’ensemble des personnels, questions portées dans les instances.
  • Apport d’un soutien politique : présence active dans les mobilisations, en AG, en manif, lors d’événements plus tendus (occupations, intervention policière, attaque/menace fasciste). 

Des éléments négatifs

Passons maintenant aux éléments négatifs. Au niveau des demandes d’aide individuelle, des expériences tout à fait contraires à celles évoquées dans la rubrique des points positifs sont signalées : une réponse  est par exemple apportée à une précaire au bout de deux semaines alors que le problème pour lequel la collègue avait contacté le syndicat est déjà résolu, voire une absence de conseils et de réponse concrète, une absence de prise en charge juridique claire, ou encore l’absence de résultats.

Sur le travail en commun avec les syndicats, des répondant·es soulignent une incapacité pour certains de ces syndicats à entendre et accorder une place aux problématiques spécifiques de certaines catégories de précaires (ingénieurs d’étude en l’occurrence), un accueil pas toujours favorable lorsque des contractuel·les se proposent de siéger dans les instances de l’établissement dans le cadre d’élections.

De manière plus forte, des répondant·es estiment que le travail en commun a été une « perte de temps » et expriment beaucoup de déception à l’égard de titulaires et de syndicats principalement animés par des titulaires : « difficile de les faire adhérer aux revendications autour de la précarité, même ne serait-ce qu’intégrer ces revendications aux communiqués, AG des personnels, etc. était un combat difficile…quant à les faire AGIR à nos côtés… Pas de grève (pas même de grève de recrutement des vacataires par exemple !) et un soutien pour le moins discret quand nous avons choisi la rétention des notes pour faire pression… modalité assimilée à une radicalisation du mouvement, pouvant le desservir…»

Les mots sont parfois forts à l’égard de syndicats accusés a minima de mollesse, voire d’hypocrisie (lorsque leurs prises de position publiques parfois bruyantes s’accompagnent d’actions concrètes plus rares, sinon de trahison à l’égard des luttes en général : « J’ai un souvenir particulièrement douloureux de la façon dont un syndicat (XXX me semble-t-il) a tout fait pour contrôler une coordination nationale et éviter qu’elle débouche sur l’appel à la grève voulu par la majorité». « Autre exemple assez parlant à mon sens : c’est un précaire qui est allé prendre la parole lors du conseil d’administration face à la présidence pour lire un texte particulièrement offensif et incisif au nom des personnels mobilisés. S’ils.elles s’étaient montré·es intrépides lors de la rédaction… plus aucun titulaire (y compris parmi ceux qui étaient syndiqués ou même représentants syndicaux!) ne voulait aller le lire au CA : « pas envie de m’exposer », « mon visage est déjà connu », « pas à l’aise en public », etc… alors que pour le précaire qui y est allé, contractuel dans la fac en question, bien sûr, c’était sans risque !!!»

Le témoignage le plus frappant concerne l’hostilité reçue par une collègue vacataire à qui de l’aide est refusée en raison de son statut de vacataire : « Les membres du syndicat contactés n’ont rien fait car j’étais vacataires et qu’ils, je cite : « n’ont pas à aider des vacataires qui font partie du problème. »

Des critiques soulevant des points de tension à travailler

Par-delà les déceptions et sentiments d’hostilité adressés ou reçus, plusieurs réponses soulèvent des points de tension qui appellent a minima un travail de réflexion organisationnelle et politique du côté des organisations syndicales :

  • Un problème structurel de syndicalisation des doctorant·es en raison de leur position ambiguë : « il est impossible, pour les doctorant·es, d’identifier une présence syndicale à rejoindre ou juste à solliciter. L’hybridité de notre statut nous donne l’impression que nous n’avons pas notre place ni dans les syndicats étudiants ni dans les syndicats d’enseignant·es chercheur·euses
  • Une série de tensions autour des revendications (sur la contractualisation des doctorant·es) : un·e répondant·e fait part d’une expérience de conflit entre et avec des organisations syndicales autour d’une rétention des notes menée pour obtenir la contractualisation des doctorant·es: « ils [des syndicats se revendiquant syndicats de la défense de notre camp social] nous ont insultés et tenté de nous voler nos revendications, alors qu’ils sont littéralement incapables de se mettre concrètement en grève ni et d’engager un quelconque rapport de force.»
  • Un refus de prendre au sérieux les problèmes urgents auxquels les vacataires sont confronté·es  : cela passe par la mise en cause par des syndiqué·es des vacataires comme problème (« Le discours général des syndicats (entendu plusieurs fois au XXX) : « il faut davantage de postes MCF et supprimer les vacataires » (entendu très souvent en AG et posture ouvertement défendue par certain·es membres de syndicats refusant d’ouvrir des postes de vacataires»).
  • Une série de tensions autour du calendrier et du tempo de l’action syndicale : « Pendant la mobilisation contre la réforme des retraites et le LPR, les syndicats ont semblé avoir toujours du retard par rapport aux dynamiques locales (à l’université) et nationales (ils semblaient courir derrière le com mob). » « Ralenti·es oui, [nous l’avons été] à cause des délais syndicaux et d’une sorte d’inertie chez leurs membres les plus privilégiés (professeur·es titulaires souvent) dont l’attitude renvoie parfois une certaine forme de mépris. Nous avons vite décidé de ne pas nous caler sur leurs calendriers et modes de fonctionnement, mais de les solliciter régulièrement et de les tenir au courant de nos actions. »
  • Des tensions liées au caractère hiérarchisé et inégalitaire de l’ESR (hiérarchies et inégalités reproduites pour partie dans les syndicats) : « Les pétitions de principes des principaux syndicats sont réelles mais la difficulté à concrétiser les choses vient, à mon avis, du faible taux de syndicalisation des précaires et le statut inférieur des précaires n’autorise pas facilement la prise de position « politique » dans cet ensemble ESR très hiérarchisé et inégalitaire. »

Des retours variables

Pour mettre en perspective ces réponses au questionnaire, soulignons que les retours varient aussi selon les configurations syndicales locales, comme les témoignages le thématisent, à l’instar d’une section syndicale locale composée de doctorant·es, qui permet une autonomie dans la lutte.

Soulignons ensuite que les retours négatifs ne concernent pas uniquement les organisations syndicales, ou parfois pas celles-ci en premier lieu mais aussi et d’abord les titulaires non-syndiqué·es : « Les syndicats qui nous soutenaient étaient composés des militants les plus actifs sur la fac, et ont donc pris part (manifs, grèves)… mais globalement, la grande majorité des collègues étant « mous », difficile pour eux/elles de pouvoir pousser le rapport de force plus loin (notamment avec des actions plus « radicales»).»

Enfin et à l’inverse, des retours positifs sont également faits par des membres de collectifs de précaires, au sujet d’actions parfois coordonnées avec les organisations syndicales, ainsi qu’au sujet d’associations remplissant des fonctions d’information et d’accompagnement qu’on pourrait qualifier de para-syndicales : « différents collectifs et associations (surtout EFiGiES et les Jaseuses) m’ont permis de connaître mes droits concernant le non-paiement de vacations, le harcèlement et le manque d’accompagnement juridique [i.e. par l’université] (comment justifier un arrêt maladie à la sécurité sociale si on est chômeur·euse mais qu’on travaille à l’université en tant que chargé·e de cours, mais qu’on ne reçoit pas une fiche de paie ?)»

Précaires et syndicats : quelles perspectives ?

Vers la création de sections de précaires?

On note d’emblée, pour cette question, des différences dans les réponses apportées. Les personnes non-syndiquées (ou n’indiquant pas leur adhésion) plébiscitent la création de sections de précaires (7 pour, 1 contre), ce qui peut aussi suggérer que leur non-syndicalisation peut relever d’une crainte : celle de ne pas réussir à trouver sa place dans une organisation syndicale mixte voire dominée par les titulaires. Parmi les éléments mis en avant pour soutenir la création de telles sections de précaires, aussi bien par des répondant·es syndiqué·es que non-syndiqué·es, on note une impression (un constat ?) que les syndicats sont « remplis de MCF/PR», donc de « personnes n’ayant plus aucune idée de ce que c’est qu’être doctorant», voire qu’ils sont remplis de titulaires parlant à la place des précaires. S’exprime à l’inverse un besoin que de telles sections voient le jour pour qu’existent des « espaces non-mixtes [qui] sont toujours appréciables pour dire la réalité de son vécu.»

Du côté des syndiqué·es, la réponse est moins uniformément favorable : 16 oui contre 6 non. L’opposition, exprimée notamment par des personnes indiquant être adhérent·es à SUD éducation (mais c’est aussi l’organisation la plus représentée), est motivée ainsi par une répondant·e: « Non. Je pense que la formule « collectifs indépendant de syndicat » soit plus pertinente pour se retrouver entre précaires à une échelle locale. Ensuite, les syndicats peuvent se doter de groupes de travail sur la question, c’est important. Mais il me semble qu’un syndicat est aussi un lieu de confrontation des statuts et des générations, et qu’il faut des sections les plus larges possibles (titulaires et précaires, biatss et EC, etc.) afin de créer des fronts communs. »

Dans un écart par rapport à la forme de réponse attendue à la question (oui ou non), un·e répondant·e pourtant favorable à la création d’une telle section de précaires attire l’attention sur les effets de marginalisation que de telles sections pourraient produire : les sections de précaires pourraient contribuer à isoler/marginaliser les précaires au sein de l’organisation voire reconduire en leur sein des logiques de marginalisation : « Oui j’y suis favorable, mais à condition que les autres sections soient concrètement solidaires de nos luttes. Et que les emplois étudiants soient représentés aussi dans ces sections, car notre statut mi-étudiant·e mi-salarié·e est très problématique et nous ferme beaucoup de portes (par exemple, un renvoi systématique vers les syndicats étudiants qui ne connaissent pas la réalité de nos emplois). »

D’autres réponses, également plutôt favorables au principe, soutiennent cependant de manière parallèle voire privilégiée une perspective d’organisation autonome des précaires. La raison ? « je crains que le rapport de force interne au syndicat ait tendance à invisibiliser les précaires et leurs revendications… ou pire, en faire de la chair à canon mobilisables pour les mobilisations qui les concerne moins…sans pour autant que leurs revendications donnent lieu à une mobilisation du syndicat. »

Enfin, des réponses mettent en avant l’idée de sections de précaires trans-fédérations, de façon à réduire les coûts bureaucratiques de la mobilité accrue des précaires par rapport aux titulaires: « exemple individuel : pour échapper au chômage suite à la décision de non-renouvellement, je suis temporairement devenu enseignant contractuel dans le secondaire, puis j’ai signé un contrat en qualité d’ingénieur d’études. Si j’avais modifié mon affectation, je serais, en l’espace de 3 mois, passé du Snesup ou Snes puis au Snasub». Une telle section trans-fédération des précaires permettrait de « garantir un accueil syndical aux précaires en cas de changement de corps (sans nécessiter une nouvelle syndicalisation)

Qu’est-ce que les syndicats devraient faire?

Un répondant a souligné le caractère abstrait de la question posée, affirmant que « Les syndicats font ce que les syndiqué·es y font…»

Parmi les demandes néanmoins adressées aux syndicats, celle qui revient le plus souvent est une demande d’écoute et de dialogue, loin de tout paternalisme, qui permettrait de gagner en efficacité politique en repartant de l’expérience concrète et vécue de la précarité, et non de sa simple connaissance théorique : « Les précaires ont, me semble-t-il, souvent un coup d’avance en tant que premières victimes des politiques d’austérité et de casse du service public de l’ESR qu’il ressente déjà dans leur chair et dans leurs tripes…et rien que ça, ça mériterait qu’on les écoute un minimum.»

Cette demande d’écoute et de dialogue rejoint une demande de prise en compte et de réflexion sur les divergences en matière de revendications, ou même simplement de contrer une tendance à l’évacuation des revendications immédiates des précaires au profit de grands mots d’ordre de long terme (plan de titularisation ambitieux, augmentation du nombre de postes ouverts aux concours, etc.): « Discuter de la contractualisation et ne surtout pas évacuer la question en disant que la lutte contre la précarité c’est de demander des postes de titulaires. » Parfois, la titularisation n’est de toute façon « pas toujours possible (obstacle de la nationalité ou contrat concernant une tâche non pérenne)». Discuter et plus encore : « construire des relations de camaraderie avec les collectifs de précaires », condition permettant de (mieux) « lutter ensemble».»

De manière très concrète, les répondant·es aspirent à ce que les syndicats puissent servir d’outil de mise en relation des précaires, voire envisagent une organisation aux niveaux régional et national pour créer des réseaux de communication et de solidarité entre les précaires d’une même branche de l’ESR (ex: filière Bibliothèque).​​​​​​​ Un·e répondant·e souligne également que les syndicats peuvent avoir un rôle à jouer dans la création d’espaces de « dialogue avec d’autres travailleurs, d’autres secteurs d’activité massivement touchés par la précarisation » et que « des alliances avec les luttes de chômeurs seraient aussi pertinentes. »

Le soutien syndical est attendu sur la défense de la situation matérielle des précaires (régime indemnitaire, amélioration de la situation des vacataires : mensualisation, augmentation de la rémunération, congés maladie), ainsi qu’en appui logistique et juridique des luttes.

Des répondant·es appellent les syndicats à aller par-delà le simple soutien, et à considérer « la précarité comme un terrain de lutte fondamental et pas une lutte annexe». Cela veut dire aussi engager la responsabilité et les forces syndicales (y compris les titulaires) « dans le rapport de force», là où l’on peut constater un « manque de prise de risque de la part des titulaires. »

La perspective d’un front commun entre précaires et titulaires semble peut-être plus favorable dans les conditions présentes car, comme le souligne un·e répondant·e « certains titulaires souffrent également de la précarisation du travail universitaire, et parce qu’il y a une division entre titulaires (quelques happy fews [seulement] peuvent être gagnants dans les nouveaux dispositifs introduits par les réformes). »

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