Pierre Ouzoulias est sénateur communiste des Hauts-de-Seine, vice-président de la commission de la culture, de l’éducation et de la communication du Sénat et membre de l’office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques.
« Cette loi qui est en préparation depuis longtemps […] arrive dans un contexte très particulier, qui a mis en lumière de façon très crue l’énorme difficulté de l’enseignement supérieur à faire face à la crise et à donner aux étudiants et aux étudiantes des conditions satisfaisantes de vie. »
« La LPPR, c’est une loi qui est faite pour les cinq universités qui visent le classement de Shanghai. Une loi qui acte dans le système universitaire français les objectifs internationaux du classement de Shanghai, c’est-à-dire la mise en concurrence de tous les établissements entre eux, des individus entre eux, des formations entre elles, des disciplines entre elles. C’est quelque chose qui est totalement en rupture avec la tradition universitaire et républicaine française. »
« C’est une loi sans budget mais qui comporte un certain nombre de dispositions qui viennent conforter quelque chose qui est dramatique pour l’enseignement supérieur et la recherche : la précarité organisée et l’embauche de plus en plus massive, voire essentielle, par le biais de contrats précaires. »
« Cette loi qui organise une recherche uniquement sur projets, c’est une loi qui va favoriser les méconduites scientifiques, la triche d’une certaine façon. Et il y a une forme de « starification » de la science qui est très préjudiciable à ce que nous portons tou·tes, c’est-à-dire l’esprit d’équipe. »
« Le fait de financer la recherche uniquement par appel à projets fait que l’évaluation prend une importance énorme […] On comprend bien que dans ce projet politique de réforme néolibérale de l’ESR, le Hcéres a un rôle absolument déterminant […] Il n’est pas surprenant que, au moment où le Parlement débat de la LPPR, l’Elysée demande au Parlement, presque manu militari, d’accepter la nomination de monsieur Thierry Coulhon à la tête du Hcéres. »
« De façon tout à fait historique, le Sénat, de façon très forte, a refusé la candidature de Thierry Coulhon, puisqu’il n’y a eu que trois votes positifs. Sur l’ensemble des deux chambres, une majorité de parlementaires a refusé cette nomination. Mais la règle constitutionnelle veut que, pour repousser une candidature, il y ait une majorité des 3/5, et il manquait 5 voix pour qu’elle soit atteinte. »
« Il appartient aujourd’hui, en conscience, aux acteurs de l’enseignement supérieur et de la recherche d’entrer dans une forme de résistance par rapport à une réformation néolibérale de l’enseignement supérieur et de la recherche qui ne correspond pas à notre idéal républicain, lequel vise à faire progresser la science et la connaissance pour tout le monde. »
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