Communiqué de l’assemblée générale nationale des précaires de l’enseignement supérieur et de la recherche (ESR) qui s’est tenue le 6 mars 2020 à Nanterre dans le cadre de la deuxième coordination nationale.

L’assemblée générale nationale des précaires de l’enseignement supérieur et de la recherche (ESR) réunie le 6 mars 2020 salue la réussite de la journée du 5 mars : bien que le niveau de mobilisation ne soit pas homogène, les facs et labos de France sont bien en lutte ! Ce défi d’une journée de mobilisation universitaire qui fédère étudiant·es et travailleur·ses de tous les statuts a pu être relevé notamment grâce à l’implication des travailleur·ses précaires. Nous constituons, dans beaucoup de facs et labos, les forces les plus mobilisées et avons depuis le 5 décembre contribué à alerter de l’urgence de la lutte en cours, en grande partie en arrêtant effectivement nos activités administratives, d’enseignement et de recherche pour porter le travail de mobilisation. Cette implication est coûteuse pour nous à de nombreux égards, et nous ne pouvons que nous réjouir de voir s’unir de nouvelles forces dans cette lutte commune.
Nous regrettons cependant de devoir souligner l’hypocrisie de certain·es qui, tandis qu’ielles s’affichaient en tête, voire s’érigeaient en porte-parole des mobilisations le 5 mars, invisibilisent, freinent, voire répriment la mobilisation des collègues le reste du temps. Osons nommer ces cas de répression, déjà signalés par nombreux collectifs et individus partout en France, afin de les combattre.

Des travailleur·ses mobilisé·es ont été mis·es en cause nommément par d’autres collègues en tant que grévistes. Des étudiant·es mobilisé·es ont été fiché·es sur ordre des directions de site par les services de sécurité privée, et interdit·es d’entrer dans leur université en toute illégalité ; d’autres se voient empêché·es de se réunir dans l’espace de leur université. Des enseignant·es, en particulier non-titulaires, ont été remis·es en cause dans leur autonomie pédagogique et dans leur légitimité à se mobiliser pour défendre leur avenir ; d’autres ont été harcelé·es et menacé·es de sanctions pour avoir mis en place les modalités les plus efficaces de pression sur le gouvernement – rétention des notes, grève du zèle, refus du travail gratuit hors service, débrayage des amphis, ou encore accompagnement des actions initiées par les étudiant·es…

Si cette répression touche tous les statuts à l’université (étudiant·es, travailleur·ses BIAT·O·SS et IT·A et EC), elle impacte d’autant plus les travailleur·ses déjà les plus précaires dans nos universités : le fonctionnement de l’ESR repose sur des rapports de domination qui se cristallisent en temps de mobilisation, et qu’il est impératif de remettre en cause.
À ce moment charnière du mouvement, cette répression s’accompagne de chantages aux financements pérennes, qui sont inadmissibles. Des pressions financières sont exercées sur des directions de revues grévistes ; des enseignant·es-chercheur·ses se voient menacé·es d’une fermeture de leurs formations quand ielles exigent pour leurs collègues de vrais contrats de travail plutôt que des vacations. Ne cédons pas à ces chantages qui prétendent que la mobilisation provoquerait la dégradation de nos conditions de travail et d’étude. Ce n’est pas la grève qui pénalise les étudiant·es et les précaires, mais bien le passage en force de contre-réformes qui accentuent la casse du service public universitaire et de notre modèle de protection sociale. Cette casse est programmée, et les dix dernières années de précarisation en sont la preuve : accentuons au contraire nos efforts pour réinventer ensemble l’université que nous voulons !

Il est déjà plus que temps de se mobiliser. Hier 5 mars, le projet de loi ordinaire de réforme des retraites est passé en force ; la semaine dernière était publié un arrêté autorisant les établissements privés à délivrer des diplômes de licence et de master, suivi d’un décret instaurant la mise en place de contrats de projet dans l’enseignement et la recherche. Nous avions promis des démissions et des moyens d’action plus efficaces encore, si les projets venaient à passer. C’est déjà le cas : amplifions le mouvement !

À la répression, aux tensions ou à l’indifférence, nous répondons ainsi par un appel à construire une mobilisation unie. Face à la destruction imminente d’une recherche et d’un enseignement supérieur indépendants des intérêts marchands, accessibles à tou·tes et émancipateurs, nul·le ne peut maintenir ses activités normalement.
Il est impensable que les étudiant·es composent en examen, que les enseignant·es donnent cours, que les chercheur·ses organisent des séminaires ou publient, que les travailleur·ses BIAT·O·SS et IT·A exercent leurs missions quotidiennes.
L’ESR coule, refusons de continuer à jouer sur le pont du bateau.

Pas de retraits, pas de rentrée !

Il nous faut être à la hauteur de cet enjeu historique.
Prenons notre place dans la mobilisation nationale tout au long du mois de mars !

Manifester le 8 mars pour défendre les droits des femmes et minorités de genre, qui sont les plus touchées par les réformes en cours ; rejoindre les Gilets Jaunes et les autres secteurs mobilisés le 14 mars ; dénoncer la situation intolérable des chercheur·ses et étudiant·es étrangèr·es le 20 mars et être aux côtés de tous les autres secteurs en lutte le 31 !

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