Samedi 6 mars 2021, une puissante marche féministe contre les violences sexistes et sexuelles, contre le patriarcat et la culture du viol, contre l’homophobie et la transphobie dans l’enseignement supérieur et secondaire a secoué le centre de Paris.

Dimanche 7 mars et lundi 8 mars, des rassemblements et manifestations sont organisées partout en France et dans le monde. Pour participer à ces actions, vous pouvez télécharger cette attestation de déplacement dérogatoire.

Les écoles et les facs ne sont pas épargnées par le patriarcat et les violences qu’il engendre. La presse commence à documenter l’ampleur des violences sexistes et sexuelles dans ces espaces. Citons d’abord les nombreux articles de Lénaïg Bredoux pour Mediapart :

Néanmoins, ces violences restent souvent dans l’ombre et sont très rarement médiatisées. Pour reprendre les mots du collectif des doctorant·es et des non-titulaires de l’Université Lumière Lyon 2, « les violences sexistes et sexuelles à la fac sont fréquentes et les victimes sont réduites au silence au sein d’un système qui nie leur parole et assure l’impunité des auteurs de ces violences ».

En décembre, Le Monde donnait la parole aux victimes de Thomas Branthôme, maître de conférences en histoire du droit, dans une enquête détaillée. La publication le 7 janvier 2021 de La Familia grande par Camille Kouchner, qui révèle les actes pédocriminels de Olivier Duhamel, a entraîné une forte mobilisation à Sciences-Po Paris, contre « ceux qui savaient » et ont protégé Olivier Duhamel, réclamant notamment la démission de Frédéric Mion (directeur de l’IEP) et la fin de la « culture du silence ». Dans les semaines qui ont suivi, le hashtag #SciencesPorcs a permis de rendre audible la parole des victimes de violences sexistes et sexuelles dans les IEP, notamment à Toulouse.

Les dispositifs et mesures mises en place (ou pas…) par les établissements d’enseignement supérieur pour lutter contre ces violences sont le plus souvent très insuffisantes. Souvent, dans des cas avérés de violences sexistes et sexuelles, aucune sanction contre les agresseurs ni aucune mesure protection des victimes ne sont mises en œuvre. Il y a beaucoup à faire, institutionnellement et structurellement, pour lutter contre ces violences sexuelles et sexistes, dont l’ampleur a été révélée en octobre 2020 par le rapport de l’Observatoire étudiant des violences sexuelles et sexistes dans l’enseignement supérieur : 1 étudiante sur 10 a été victime d’agression sexuelle, 1 étudiante sur 20 a été victime de viol.

Les violences sexistes et sexuelles et les inégalités femmes-hommes ne concernent pas seulement les étudiant·es. Aujourd’hui, dans l’ESR public il y a 42% de doctorantes et 44% de femmes chargées de recherche et maîtresses de conférences, mais seulement 28% de professeures et directrices de recherche. Les rapports sociaux de sexe affectent le fonctionnement de l’enseignement supérieur et de la recherche (ESR), et la précarisation de ce service public aggrave encore la situation des travailleuses, prises dans des rapports de domination imbriqués. Aux dominations inscrites dans les rapports sociaux de sexe, s’ajoutent celles liées aux rapports sociaux de classe et de race. Les relations hiérarchiques, dans lesquelles les positions de pouvoir sont très majoritairement tenues par des hommes, sont souvent rendues plus violentes encore par la précarité des travailleur·ses, dépourvu·es de toute sécurité économique et sociale. Dans ce contexte, les agresseurs exercent un pouvoir considérable sur leurs victimes, ce qui contribue très largement à la « mécanique de l’impunité » dans l’ESR. La loi de programmation de la recherche (LPR) renforce ces inégalités et ces oppressions, au moment même où le confinement a déjà considérablement accru les inégalités de genre.

Dans ce contexte, les luttes féministes se multiplient. L’an dernier, les militantes engagées dans la mobilisation des Facs et Labos en Lutte en ont fait une lutte féministe, à la fois par ses mots d’ordre et par ses modalités d’organisation collective. Des militantes du comité de mobilisation de l’EHESS, un comité de mobilisation mixte constitué dans le cadre du mouvement universitaire de soutien à la grève interprofessionnelle contre la réforme des retraites ayant duré de décembre 2019 à mars 2020, reviennent en détail sur ces questions dans un texte intitulé « Lutter en féministes dans les mouvements sociaux. De la riposte à l’élaboration d’une stratégie » .

En janvier 2021, les chargé·es de cours de l’université Sorbonne Nouvelle – Paris ont construit une grève féministe. Les Jaseuses, elles, ont construit la non-mixité comme un outil pour libérer la recherche et celles qui la font des rapports sociaux de sexe et du patriarcat. Comme le dit Fanny Gallot, nous nous battons aujourd’hui pour construire une véritable politique d’égalité femmes-hommes dans l’ESR.

De nombreux collectifs, syndicats et associations agissent avec force pour en finir avec les violences sexistes et sexuelles dans l’ESR, pour faire tomber le patriarcat. Citons notamment le Collectif de lutte contre le harcèlement sexuel dans l’enseignement supérieur, CLASCHES, qui permet à tou·tes de s’informer, de témoigner, de se défendre et d’agir. Pour mieux connaitre ce collectif et ses actions, vous pouvez écouter cet épisode du podcast Thésard·es, intitulé « harcèlement sexuel et doctorat » .

Ce 6 mars, nous avons exigé que justice soit faite, pour Guillaume et pour toutes les victimes de violences sexistes et sexuelles.

Toutes et tous, organisons-nous et soyons solidaires pour mettre fin aux violences sexistes et sexuelles et à l’impunité des agresseurs dans l’enseignement supérieur et la recherche !
Ensemble, défendons les droits de toutes les personnes LGBTQI+, faisons tomber le patriarcat et construisons l’égalité femmes-hommes !

Si vous le souhaitez, vous pouvez nous aider à compléter la liste des collectifs qui luttent contre les violences sexistes et sexuelles, l’homophobie et la transphobie dans l’ESR.
Écrivez-nous : universiteouverte@protonmail.com

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