Le gouvernement a pris trop tard les mesures pour protéger la population. Le bilan morbide qui s’allonge de jour en jour, notamment dans les quartiers populaires, le confirme, tout comme le nombre de plaintes déposées contre l’État. De premières publications de journalistes ou de chercheur·ses permettent de mieux saisir les manquements graves du gouvernement. Pascal Marichal montre ainsi dans cet article de la Vie des Idées, à partir d’une lecture de la revue Science, que le gouvernement aurait pu et dû prévoir la pandémie actuelle. La même revue annonçait l’inévitable basculement dans une phase de pandémie dans une publication datant du 25 février 2020. Pourquoi les agent·es du Ministère de la Santé n’ont-ielles pas pris en compte ces productions scientifiques pour orienter leur action ? Les ont-ielles volontairement ignorées ? Qu’en est-il de la question des masques ? Une enquête de radio France montre que la dernière usine française de fabrication de masques a fait faillite en 2018 suite à l’arrêt des commandes de l’État, qui a cessé de constituer les stocks qui font aujourd’hui si cruellement défaut aux soignant·es. L’enquête de Mediapart révèle, entre autres choses, que la pénurie de masques a été sciemment dissimulée au grand public et, tandis que la porte-parole du gouvernement affirme que la population n’a pas besoin de masques car elle ne saurait pas les utiliser, l’Académie de médecine recommande un recours plus large. Alors, partout, la production artisanale et solidaire de masques se développe, l’auto-organisation prend le relai.
Les mensonges, l’incompétence, la surdité aux résultats de la recherche et la destruction obsessionnelle des services publics sont responsables de la situation dramatique dans laquelle nous nous trouvons.  Le monde “d’après” semble tout aussi effrayant : dérogations au Code du travail, accentuation des inégalités sociales face au virus, renforcement de l’arbitraire policier, en particulier dans les quartiers populaires où résident nombre des travailleur·ses qui assurent le maintien des activités essentielles à l’ensemble de la société.

Alors que le déconfinement s’annonce long et complexe, en particulier à l’université, l’organisation collective est plus nécessaire que jamais. Il s’agit bien sûr de poursuivre nos luttes, notamment contre la précarité des vacataires et l’exploitation des travailleur·ses effectuant des tâches sous-traitées. Mais il s’agit d’aller plus loin encore.
Le mensonge sur la pénurie de masques n’est ni anecdotique, ni un fait isolé. Dans les politiques de l’enseignement et la recherche, le détournement des mots est également devenu une constante, voire un outil de gestion. Ces dernières années, le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche (MESRI) a systématiquement camouflé la réalité de ses politiques par des mensonges purs et simples : annoncer plus de moyens pour la recherche, tout en coupant les financements pérennes des laboratoires ; dire lutter contre la précarité, tout en baissant le nombre de postes ouverts ; annoncer ouvrir l’université, tout en multipliant par 15 les frais d’inscriptions pour les étudiant·es étranger·es extra-communautaires,  selon le plan désigné par l’antiphraseBienvenue en France”.
Ainsi, alors qu’Emmanuel Macron assurait que personne ne subirait de “pertes de revenus liées au COVID-19”, c’est dans une anodine “foire aux questions” de son site que le MESRI annonce le non-paiement des vacataires pendant la crise. Alors que le gouvernement s’était engagé à abandonner les réformes en cours, la LPPR continue ses avancées masquées à base d’ordonnance et de décrets.

Les mensonges sont exposés.
Nous savons ce que valent paroles et engagements ministériels.
Maintenant, il nous faut nous organiser pour renforcer nos solidarités, contrer la politique criminelle de ce gouvernement, construire une recherche et une université publiques, ouvertes et émancipatrices pour toutes et tous.
Confiné·es, mais pas déconfit·es, nous sommes plus que jamais prêt·es à la lutte ! Et la rentrée 2020 n’est pas loin… 

Illustration : fabrication de masque artisanale et solidaire. Photographie par Cécile Rolland.

Un commentaire sur « Des mensonges d’État – édito #2 de la Confinée Libérée »

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