Ce court billet propose une synthèse des textes, des affiches, des propositions qui nous semblent utiles à tou·tes. Pour nous aider à le compléter : universiteouverte@protonmail.
Mise à jour : depuis la publication de ce billet, le « groupe stop distanciel » a été créé, « pour ne pas nous contenter de dénoncer le passage imposé au distanciel, mais le combattre effectivement », un recensement des actions en cours contre le distanciel, coordonné par la rédaction d’Academia, a été lancé et il y a du nouveau sur le front juridique.

La pratique des fermetures administratives n’est pas nouvelle : depuis des années certaines présidences d’universités, particulièrement hostiles à la vie démocratique étudiante, décident de fermer les universités pour empêcher que se tiennent des assemblées générales, pour priver les étudiant·es et personnels d’espace d’élaboration collective, de moyens de mobilisation.

Néanmoins, ces pratiques sont de plus en plus systématiques et violentes depuis le premier mandat d’Emmanuel Macron, en particulier depuis les interventions policières dans les universités, pour imposer Parcoursup et la sélection à des étudiant·es et des enseignant·es qui n’en voulaient pas. Puis, dès 2019, les fermetures administratives de sites universitaires à l’annonce d’une assemblée générale se sont multipliées. Les tentatives pour museler les universités se sont ensuite diversifiées, qu’il s’agisse d’essayer de criminaliser la vie militante dans les campus, de chercher à discréditer les sciences sociales ou d’utiliser la police pour empêcher la tenue d’assemblées générales. Ainsi, en janvier dernier, la police  – appelée par le président Pierre-Paul Zalio  – a arrêté une trentaine d’étudiant·es dans le Campus Condorcet avant de les maltraiter ; la police a de nouveau fait irruption sur le Campus Condorcet en février dernier. Ces interventions policières, à la demande des présidences d’établissement, sont de nature à nous inquiéter quant aux fonctions et usages contemporains des franchises universitaires, comme l’analysent en longueur et en finesse deux billets publiés par Academia, ici et . Leur conclusion est claire :

« Nos dirigeant·es, au fond, sont la honte de l’université : ils sont sans mémoire, sans compétences et sans convictions pour l’université. Pour nous, étudiant·s et agent·es,  il est plus que temps de nous en désolidariser, en paroles et en actes. »

« Préfets au petit pied : sur les récentes atteintes aux franchises universitaires (2/2) »

Il en va de même pour le recours au distanciel, systématisé ces dernières semaines.

Généralisé pendant le premier confinement, « l’enseignement à distance » ou « distanciel » est désormais utilisé en complément des fermetures administratives et des appels à la police par des président·es qui jouent les « préfets aux petits pieds » pour entraver la mobilisation, pour casser la grève.

Cette pratique est inacceptable, politiquement, pédagogiquement et juridiquement. Politiquement, parce que c’est une manière d’entraver le droit de grève, d’empêcher la mobilisation  – en particulier celle des étudiant·es et des enseignant·es les plus précaires  – en les maintenant au travail et, pire, en nourrissant cette fiction selon laquelle les cours ne pourraient pas s’arrêter, pas même dans une période aussi cruciale que celle-ci, pendant laquelle nous luttons pour défendre nos retraites, nos vies. Pédagogiquement, parce que ce sont là des conditions d’enseignement très dégradées qui, une fois encore, pénalisent les étudiant·es les moins bien doté·es en capitaux et accroissent les inégalités que nous combattons. Juridiquement enfin, parce que cela se fait de manière illégale, comme le démontre précisément ce billet d’Academia : qu’on soit étudiant·e ou travailleur·se, voilà des arguments solides pour empêcher l’imposition du distanciel et défendre notre droit de grève !
Bien évidemment, si ces outils juridiques nous servent, l’essentiel est ailleurs :

« Que les choses soient claires, cependant. Le problème n’est pas principalement juridique. Il concerne d’abord et avant tout l’université que nous voulons. Car dans cette affaire, nous avons beaucoup à perdre : de l’enseignement dégradé, des conditions de vie déprimante pour les étudiant·es, l’invisibilisation de nos grèves, et enfin un clou de plus dans la disparition de l’université comme communauté politique. »

« Pourquoi la bascule en distanciel est illégale (même un jour de grève) »

Alors, comme l’écrit Pascal Maillard :

« Télétravailleurs, télétravailleuses de tous les secteurs professionnels, unissez-vous : fermez vos ordinateurs et prenez le chemin de la rue. Etudiant·es et enseignant·es de toutes les universités, retrouvez votre liberté et soyez uni·es : refusez le distanciel, bloquez et occupez les universités ! »

Billet de blog « Le distanciel : une arme de destruction massive de la grève à l’université »

Les prises de position en ce sens se multiplient, citons par exemple le communiqué de la CGT Lyon-2 du 22 février 2023, le communiqué de l’AG de Paris-1, 24 février 2023, la motion du 6 mars 2023 du Conseil académique de l’université Paris-Saclay, la mobilisation des étudiant·es à Nantes, ou encore cette tribune publiée dans Libération le 9 mars 2023 :

« Après deux ans de Covid et de fermeture des universités, ces passages à distance à répétition sont à l’image du projet de Macron pour l’université, où l’enseignement est avant tout conditionné par les intérêts du patronat et dépourvu de toute dimension critique et émancipatrice.
Face au risque de fermeture des centres universitaires les jours de grève, nous revendiquons le maintien ouvert de nos lieux d’étude et de travail le 9 mars et les jours suivants, pour qu’ils puissent être le lieu où se développe et s’organise la mobilisation contre la réforme des retraites. Par ailleurs, pour permettre à chacun de prendre part au mouvement et exercer ses droits de grève et de manifester, nous demandons la banalisation des cours toute cette semaine et pour chaque jour de mobilisation, ainsi que la fin des politiques d’assiduité qui ciblent en premier lieu les étudiant·e·s les plus précaires. »

« Laissons les universités se mobiliser contre la réforme des retraites »

Mais que faire, individuellement et collectivement, pour empêcher le passage au distanciel ?

D’abord, rappelons (en réalité, bien souvent, nous le leur apprendrons) à nos enseignant·es, à nos collègues, que ce passage au distanciel est illégal  – c’est d’ailleurs l’occasion d’insister sur l’importance de la grève, qui perturbe l’ordre établi et qui libère du temps pour penser collectivement, pour nous organiser.

Ensuite, puisque « les collègues qui choisiraient de ne pas se mettre en grève ne peuvent pas pour autant basculer leurs enseignements en distanciel« , nous pouvons agir devant les tribunaux administratifs pour faire cesser ces pratiques délétères ! Dans ce billet très complet, la rédaction d’Academia explique tous les détails de ces actions juridiques et propose une trame de recours, entièrement rédigée, qu’il suffit de compléter.

Enfin, nous pouvons agir collectivement pour empêcher que se tiennent ces « cours en distanciel ». Ainsi, l’assemblée générale interfac d’Ile-de-France proposait de regrouper sur des documents partagés (framapad ou autres) les liens des visios, pour que des étudiant·es d’autres universités puissent intervenir, afin de rappeler le cadre légal et de mettre un terme, de fait, au « cours ».

Ne nous contentons pas de dénoncer les fermetures administratives et le distanciel qui cassent la mobilisation : agissons ensemble pour faire cesser ces pratiques inacceptables !

3 commentaires sur « Fermetures et distanciel : c’est NON ! »

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