À ce jour, plusieurs centaines d’étudiant·es brésilien·nes dont la candidature a été acceptée dans des établissements d’enseignement supérieur français ne parviennent pas à obtenir leur visa. Leur venue en France se trouve donc compromise, alors même qu’elles et ils ont accompli toutes les démarches nécessaires et sont bien évidemment prêt·es à respecter toutes les mesures sanitaires requises. Ce blocage de la part des autorités françaises est inacceptable : non seulement cela remet en question l’avenir de ces étudiant·es, qui ont choisi la France pour poursuivre leurs études, mais cela pose la question d’une discrimination des étudiant·es en fonction de leurs origines. Des étudiant·es originaires d’autres pays latino-américains, notamment de Colombie, rencontrent le même type de difficulté. Une telle politique se situe dans le sillage du mal-nommé plan « Bienvenue en France », lancé par le gouvernement à la fin de l’année 2018 et augmentant de manière drastique les frais d’inscription pour les étudiant·es étranger·es n’ayant pas une nationalité européenne. Cette décision, prise au nom de l’attractivité de la France en matière d’internationalisation de ses établissements d’enseignement supérieur, est contre-productive et dangereuse. Contre-productive d’une part car la présence d’étudiant·es de nationalités et de milieux socio-économiques divers est une source d’enrichissement intellectuel et culturel pour les organismes français d’enseignement supérieur ; d’autre part car elle coupera ces établissements et la recherche française de précieux relais à l’extérieur. Dangereuse car il y a une contradiction flagrante entre la volonté de faire rayonner la culture française et les valeurs dont elle est porteuse, tout en empêchant de nombreux étudiant·es étranger·es n’ayant pas les moyens de payer entre 2770 et 3700 euros une année d’étude de venir se former en France.
L’Association pour la Recherche sur le Brésil en Europe (ARBRE), Université Ouverte et le Réseau européen pour la démocratie au Brésil (RED.br), au nom du principe de l’accès universel à l’éducation, des missions que sont celles de l’université publique française, condamnent avec fermeté l’application du plan « Bienvenue en France » ainsi que la non-délivrance de visas aux étudiant·es étranger·es. Nous soutenons pleinement le mouvement #EtudierEstImpérieux, lancé par des étudiant·es brésilien·nes et relayons à la suite de ce communiqué la lettre qu’ils et elles ont adressée au Ministère des Affaires étrangères, au Ministère de l’Intérieur et au Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Cette lettre est à ce jour restée sans réponse. Nous vous invitons à signer leur pétition.
Nous en appelons aux responsables politiques et aux président·es d’université pour que cesse cette double discrimination en contradiction totale avec les valeurs qu’est censée défendre la République française.
Versão em português :
Atualmente, centenas de estudantes brasileiros e brasileiras cujas candidaturas foram aceitas por estabelecimentos de ensino superior franceses não conseguem obter um visto. A vinda desses estudantes à França, portanto, está comprometida, embora tenham cumprido todos os procedimentos necessários e estejam certamente dispostos a respeitar todas as medidas sanitárias que lhes são exigidas. Esse bloqueio por parte das autoridades francesas é inaceitável: compromete não apenas o futuro desses estudantes, que escolheram a França para dar continuidade aos seus estudos, como também levanta a questão da discriminação que estão sofrendo em função de suas origens. Estudantes oriundos de outros países latino-americanos, sobretudo colombianos, vêm encontrando o mesmo tipo de dificuldade. Essa política apresenta-se na esteira do inapropriamente batizado projeto « Bienvenue en France » (« Bem-vindo à França »), lançado pelo governo no final de 2018, que aumenta drasticamente o valor de matrícula cobrado aos estudantes estrangeiros não-europeus.
Essa decisão, tomada em nome das possíveis condições atrativas da França em matéria de internacionalização de seus estabelecimentos de ensino superior, é contra-produtiva e perigosa. É contra-produtiva, por um lado, porque a presença de estudantes de nacionalidades e de origens socio-econômicas variadas é fonte de enriquecimento intelectual e cultural para os organismos franceses de ensino superior. Por outro lado, a decisão rompe com os valiosos laços constituídos pelos estabelecimentos de ensino e de pesquisa franceses e seus similares no exterior. Além disso, a decisão é perigosa porque revela uma contradição flagrante entre a vontade de difundir a cultura francesa bem como os valores que representa e a impossibilidade de vários estudantes estrangeiros, que não têm condições de pagar anualmente entre 2.770 e 3.700 euros de matrícula, poderem realizar sua formação na França.
A Association pour la Recherche sur le Brésil en Europe (ARBRE), a Université Ouverte e o Réseau européen pour la démocratie au Brésil (RED.br), em nome do princípio do acesso universal à educação, missão que é aquela da universidade pública francesa, condenam com veemência tanto a aplicação do plano « Bienvenue en France » quanto a recusa de emissão de vistos aos estudantes estrangeiros. Apoiamos plenamente o movimento #EtudierEstImpérieux, iniciado por estudantes brasileiros e brasileiras, e anexamos a esse comunicado a carta que foi endereçada pelo movimento ao Ministère des Affaires étrangères (Ministério das Relações Exteriores), ao Ministère de l’Intérieur (Ministério do Interior) e ao Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (Ministério do Ensino Superior e da Pesquisa). Até o momento, essa carta continua sem resposta das autoridades francesas. Convidamos vocês a assinar a petição.
Fazemos um apelo aos responsáveis políticos e aos presidentes das universidades para que interrompam essa dupla discriminação, que se encontra em total contradição com os valores que deve defender a República francesa.

Brésil, le 08/06/2021
Les étudiants et chercheurs brésiliens
admis dans des universités françaises
pour l’année universitaire 2021-2022
à M. le Ministre de l’Intérieur, Gérald DARMANIN,
M. le Ministre des Affaires Étrangères, Jean-Yves LE DRIAN,
Mme la Ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Frédérique VIDAL,
OBJET : DEMANDE DE RÉVISION DES MOTIFS IMPÉRIEUX POUR L’ENTRÉE DES ÉTUDIANTS BRÉSILIENS SUR LE TERRITOIRE FRANÇAIS AU TITRE DE L’ANNÉE UNIVERSITAIRE 2021-2022
Madame la ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Monsieur le ministre de l’Intérieur, Monsieur le ministre des Affaires Étrangères,
Par la présente, nous entendons représenter les étudiants et chercheurs brésiliens d’ores et déjà retenus pour étudier des disciplines relevant de l’enseignement supérieur français au cours de l’année académique 2021-2022.
Dans le contexte actuel d’une pandémie globale, c’est avec un respect teinté d’inquiétude que nous vous adressons cette lettre pour vous exprimer notre crainte de ne pouvoir entamer des études et recherches sur le sol français à la rentrée prochaine (septembre 2021).
Croyant fermement à l’importance du droit à l’Instruction, nous vous demandons pour les raisons ci-après exposées, madame et messieurs les Ministres, de bien vouloir reconnaître l’étude et la recherche au nombre des motifs impérieux autorisant l’accès au territoire français des étudiants et chercheurs en provenance de pays aujourd’hui classés en zone « rouge » et, partant, de reconsidérer la question de la suspension de la délivrance de visas longs séjours (dits visas « étudiants ») à ces mêmes catégories de personnes.
Premièrement, nous nous engageons dès à présent à respecter tous les protocoles sanitaires en vigueur et nous vous assurons de notre totale soumission aux tests et vérifications (tests antigéniques, tests PCR, certificats de vaccination, attestations d’immunité) qui pourraient nous être demandés par le gouvernement français en complément d’une période d’isolement après notre arrivée dans le pays.
Au soutien de cet engagement exprès de notre part, nous vous rappelons que de telles mesures de contrôle se sont avérées efficaces contre la circulation du virus, et que les visas que nous sollicitons, de par leur longue durée, n’impliquent pas d’aller-retours réguliers entre la France et notre pays d’origine.
Par ailleurs, en septembre 2020, alors que la pandémie était installée depuis six mois, la plateforme « Campus France » — c’est-à-dire l’agence française pour la promotion de l’enseignement supérieur, l’accueil et la mobilité internationale, rattachée aux ministères français de l’Enseignement Supérieur et des Affaires étrangères ainsi qu’au Service de Coopération et d’Action Culturelle de l’Ambassade de France au Brésil — a malgré tout débuté le processus de réception des candidatures auprès des universités françaises, suscitant de ce fait parmi nous l’espoir que le Savoir ne pâtirait pas des contingences épidémiologiques.
Si nous sommes conscients que la situation sanitaire actuelle demeure particulièrement incertaine, nous tenons cependant à souligner que de cette mise en mouvement du processus de candidature dans des conditions similaires aux années passées a découlé un investissement administratif, pécuniaire mais également psychologique de la part des candidats. Or cet investissement se trouve désormais contrarié par la réglementation en vigueur et les incertitudes qu’elle véhicule.
De plus, tout comme la République Française, nous croyons à la supériorité du droit à l’Instruction que possède chaque citoyen d’un pays membre des Nations Unies. Toutefois, nous nous sentons lésés dans l’exercice de ce droit lorsque, pour justifier le refus de l’émission de visas, nous est opposée cette situation qu’est la circulation de variants viraux dans notre pays d’origine, une situation sur laquelle nous n’avons, à titre personnel, aucun contrôle.
Enfin, suivant l’adage selon lequel « de l’instruction naît la grandeur des nations », nous pensons qu’en pareille époque, alors que bon nombre de pays de par le monde se trouvent confrontés à des crises sanitaires et économiques, l’Instruction doit faciliter le renforcement de la Science et de la Connaissance afin de nous permettre de débuter ensemble une nouvelle ère débarrassée de la Covid-19.
C’est avec un immense respect que nous vous demandons de recevoir les arguments ci-dessus afin de bien vouloir reconsidérer les critères impérieux d’entrée sur le territoire de la République Française. Nous sommes convaincus que l’étude et la recherche sont des enjeux urgents non seulement pour le gouvernement français — qui a toujours reçu avec excellence des étudiants et chercheurs internationaux — mais aussi pour les autres nations du monde.
Nous réitérons également une fois de plus notre engagement à respecter l’ensemble des protocoles sanitaires visant à assurer la sécurité et la santé de tous.
Dans l’attente d’une modification plus favorable de la réglementation en vigueur, veuillez agréer, Madame et Messieurs les Ministres, l’expression de nos salutations respectueuses.
Les étudiants et chercheurs brésiliens
admis dans des universités françaises
pour l’année universitaire 2021-2022
Versão em português :
Excelentíssimo Senhor Ministro Gerald Darmanin,
Viemos nos dirigir à vossa excelência em nome dos estudantes e pesquisadores brasileiros aprovados para cursar o ensino superior francês no ano letivo acadêmico que se inicia em setembro de 2021.
É com enorme preocupação e respeito que vos dirigimos esta carta para demonstrar o nosso desejo de poder iniciar os estudos e pesquisas em solo francês ainda no início do próximo semestre letivo. Solicitamos assim a vossa ajuda e consideração para que estudo e pesquisa voltem a ser classificados como motivo imperioso em países classificados como zona vermelha de risco. Acreditamos veementemente na importância e no direito à educação e pedimos à vossa excelência que gentilmente considere o retorno das emissões dos vistos à partir das razões contidas nessa carta.
Primeiramente, apresentamos, desde o presente momento, o nosso compromisso com todos os protocolos sanitários em vigência, e asseguramos a apresentação dos testes de verificação solicitados pelo governo francês, bem como a realização do período de quarentena exigido após a chegada no país. Nesse sentido, gostaríamos que considerassem este comprometimento expresso de nossa parte, tendo em vista que tais medidas de controle têm se revelado eficazes contra a circulação do vírus, e que se tratam de vistos de longa duração, que não implicam no trânsito constante de estudantes e pesquisadores.
Adicionamos que, em setembro de 2020, o Campus France, agência oficial do governo francês responsável pela promoção do ensino superior na França no exterior e vinculada aos ministérios franceses da Educação e das Relações Exteriores e, no Brasil, ao Serviço de Cooperação e de Ação Cultural da Embaixada da França, iniciou regularmente os processos de candidatura às universidades francesas.
Estamos cientes de que a situação sanitária atual é incerta e por esse motivo não teria sido possível prever que os vistos de estudante e pesquisador seriam novamente suspensos. No entanto, ao mesmo tempo, gostaríamos de salientar que os processos de candidatura continuaram a ocorrer normalmente, o que implicou um engajamento psicológico, administrativo e financeiro da parte dos candidatos.
Além disso, como a República Francesa, acreditamos no direito eminente à educação que todo cidadão de um país membro da Organização Nações Unidas (ONU) possui, e nos sentimos prejudicados em nosso direito considerando uma situação que não temos controle ou culpabilidade, que seria a circulação de variantes em nosso país de origem.
Por fim, acreditamos que, mais do que nunca, especificamente em um momento como este, no qual diversos países do mundo enfrentam crises sanitárias e econômicas, a educação deve ser uma das bases para o fortalecimento da ciência e do conhecimento, de forma que possamos nos reerguer e recomeçarmos todos juntos uma nova era após a pandemia de covid-19.
É com imenso respeito que pedimos que analise os argumentos postos acima de forma a reconsiderar os critérios imperiosos de entrada na República Francesa. Acreditamos veementemente que estudo e pesquisa são questões imperiosas não só para o governo francês, que sempre recebeu com excelência estudantes e pesquisadores internacionais, como também para as demais nações do mundo. Também reiteramos, mais uma vez, o nosso compromisso com o cumprimento de todos os protocolos sanitários necessários, visando garantir a segurança e saúde de toda a sociedade.
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