Si la hausse des frais d’inscription pour les étudiant·es étranger·es passe, il faut s’attendre à ce qu’ils augmentent rapidement à plus de 4 000 € par an en Licence et autour de 10 000 € par an en master, et ce pour tou·tes les étudiant·es, comme le suggère une note de Robert Gary-Bobo remise au candidat Macron en 2017.

Bien sûr, l’exécutif n’a pas annoncé les prochaines étapes d’une généralisation des frais d’inscription à l’ensemble des étudiant·es. Ce serait mettre l’ensemble de la jeunesse dans la rue. La stratégie est autrement plus subtile : elle consiste en effet à réformer par étapes, en segmentant les populations pour leur ôter toutes capacités de mobilisation.

L’offensive a été relancée par le professeur d’économie Alain Trannoy dans une tribune parue dans le Monde du 9 novembre : fidèle à sa position maintes fois répétée, il y défend le relèvement des droits d’inscription (de 3 000 à 5 000 euros par an en master) assorti d’une refonte du système de bourses pour les étudiants les plus modestes, et surtout la mise en place d’un système de prêts à remboursement contingent au revenu. Or son coauteur habituel sur le sujet n’est autre que Robert Gary-Bobo, l’auteur d’une note pour l’équipe de campagne d’Emmanuel Macron préconisant une réforme par étapes devant aboutir à des frais de scolarité élevés pour tou·tes !

Dans cette note interne révélée par les «MacronLeaks», son auteur distingue le fond de ses recommandations (qu’il sait socialement et politiquement explosives) et des éléments de stratégie et de communication qui permettront de faire passer l’amère pilule. Pour lui, au risque de faire «hurler les âmes sensibles», il s’agit de relever les frais d’inscription entre 4 000 euros et 8 000 euros par an, voire davantage (le chiffre de 10 000 euros est évoqué pour les masters). La méthode ? «Y aller doucement, mais commencer tout de suite avec les droits d’inscription», peut-on lire. Les prêts octroyés aux étudiant·es permettraient, selon l’auteur, d’engranger au plus vite «la pompe à finance» en s’assurant que l’argent arrive directement des banques commerciales aux caisses des universités. Il va même plus loin, suggérant de pousser les étudiant·es à s’endetter en décourageant le paiement au comptant des frais d’inscription.

Pour faire avaler la réforme, son auteur propose des éléments de langage : il s’agira de présenter l’endettement étudiant comme un nouveau droit pour l’autonomie des jeunes ou encore de «bannir du vocabulaire les mots de « concurrence » et d’ « excellence », détestés par les syndicats d’enseignants et d’étudiants, [pour les] remplacer systématiquement par « ouverture » et « diversité ». De là à « Bienvenue en France », les communicants de l’Élysée n’ont pas eu trop de travail.

2 commentaires sur « Vers des études payantes pour tou·tes »

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