Depuis le 5 décembre, les femmes sont à la pointe du mouvement social contre la contre-réforme des retraites, le projet de loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR), et mobilisées contre la violence systémique qu’elles subissent.
Ces projets de réforme, loin de remédier aux discriminations auxquelles elles sont confrontées tous les jours, vont au contraire dégrader leur situation, y compris dans l’enseignement et la recherche. Dans les universités et les laboratoires, comme ailleurs, les hommes occupent la plupart des positions de prestige, de pouvoir, et les fonctions les plus rémunératrices. Alors que les femmes représentent 44% des docteur·es, elles sont 37% des enseignant·es-chercheur·ses titulaires, et seulement 25% des professeur·es des universités. Au sein du personnel administratif, le temps partiel est surtout imposé aux femmes. La précarité qui détruit le service public de l’enseignement et de la recherche est donc avant tout subie par les femmes.
Non seulement ces très fortes inégalités de genre ne sont même pas mentionnées par les rapports préparatoires à la LPPR, mais elles seront aggravées par le modèle de compétition et de concentration de ressource que défend le gouvernement au travers de ce projet de loi. Dans ce système ultra compétitif, les hommes (et plus précisément les hommes blancs) partent avec de lourds avantages (certitude de soi forgée dans la socialisation masculine, plus faible investissement domestique, accès aux réseaux de pouvoir, présomption de compétence, etc.). Par exemple, l’introduction de « primes au mérite » n’a fait qu’accroître les écarts de rémunérations, écarts qui se maintiennent également au moment de la retraite.
Contrairement à ce que le gouvernement affirme, la contre-réforme des retraites ne va pas bénéficier aux femmes. Aujourd’hui, dans la fonction publique, 40% des femmes ont des carrières incomplètes, et une femme sur cinq doit attendre 67 ans pour obtenir une retraite à taux plein, contre un homme sur douze. Plus touchées par la précarité, le temps partiel, l’absence de primes et les carrières hachées (notamment du fait de l’inégale répartition du travail reproductif et domestique), les femmes seront d’autant plus affectées par cette réforme profondément inégalitaire et individualiste.
Enfin comme plusieurs affaires récentes nous l’ont rappelé, l’université et la recherche ne sont pas épargnées par les rapports de dominations et les violences systémiques fondées sur le genre, la sexualité, la classe, la race. En particulier, les femmes y sont régulièrement victimes de harcèlement et d’agressions sexuelles, et la réponse institutionnelle est très inadaptée. Ces dysfonctionnements font reposer une lourde responsabilité sur les collectifs informels et associatifs qui doivent prendre en charge le soutien aux victimes.
Rendez-vous :
- le 7 mars
- 19h – Place des Fêtes (en non mixité choisie)
- le 8 mars
- 12h – Place d’Italie, devant la mairie du 13ème, pour un pique-nique féministe
- 13h45 – Angle Rue Pinel/Boulevard de l’hôpital pour la formation d’un cortège des Facs et Labos en Lutte et le départ en manifestation.
Un tract à imprimer et diffuser partout est disponible en PDF ci-dessous !
Pour une analyse genrée de la LPPR, nous vous recommandons cette tribune d’un collectif de chercheuses et d’universitaires spécialistes du genre publiée dans Le Monde le 10/02/2020.
Un commentaire sur « Retraites, LPPR : le 8 mars, on se lève et on se barre ! »