Nous remercions Eric Fassin, professeur de sociologie à l’Université Paris 8, pour son analyse du dispositif gouvernemental « Bienvenue en France ».

« Quelle est la rationalité réelle de cette mesure ? La première chose, c’est la xénophobie. Quel va être le résultat ? Faire baisser le nombre d’immigrés en France, puisqu’on compte, bizarrement, les étudiants parmi les immigrés. […]. Or, l’Afrique francophone, nos anciennes colonies, et bien, c’est environ la moitié des étudiants étrangers en France aujourd’hui. Donc, moins de nos anciennes colonies, et peut-être plus du reste du monde. »

« Je crois qu’il faut comprendre que tout cela s’inscrit dans un projet néo-libéral. Et ce projet néo-libéral, il est contenu dans l’argument selon lequel, puisque ces gens ne payent pas l’impôt en France, et bien, ils ne peuvent pas venir étudier en France. En réalité, c’est une conception de l’impôt comme une sorte de cotisation. On ne cotise pas avec l’impôt. L’impôt, c’est une richesse collective qui permet faire des investissements collectifs. Que nous propose aujourd’hui le gouvernement, il nous dit, « ça n’est plus un investissement collectif, c’est un investissement personnel. Il faut que les gens payent. » On va bien, à partir de là, considérer que cet investissement personnel, il ne s’arrêtera pas aux étrangers. »

« Donc, à quoi sert cette mesure ? Pas à grande chose, sinon à introduire une logique néo-libérale, qui sera, à court terme, on peut en être certain étendu aux autres étudiants, c’est à dire aux Européens, et en particulier aux Français. Donc, c’est la raison pour laquelle il faut se mobiliser. Parce que, si aujourd’hui beaucoup de gens se disent, « c’est bien dommage, mais finalement, ça ne me concerne pas. » Ils se trompent. […] La logique qui est introduite aux dépens des étrangers, demain, ça sera une logique qui sera étendu aux dépens des Européens et des Français. »

« La xénophobie, aujourd’hui, sert à faire avaler la pilule du néo-libéralisme. Il est donc encore temps, il est toujours plus nécessaire de se mobiliser contre cette hausse des frais d’inscription. »

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