Lundi 11 mars s’est réuni le conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche (CNESER).
A cette occasion et malgré son absence, Frédérique Vidal a porté le coup de grâce à l’université gratuite, ouverte à tou·tes et émancipatrice que nous avons fait vivre toutes ces années.
Depuis 2007 et la LRU, les gouvernements successifs avaient frappé durement l’université et son état s’est dégradé rapidement. L’an dernier, ParcourSup a conduit à la généralisation de la sélection, qui s’est répandue dans toute l’université, la fragilisant encore.
Depuis plusieurs mois, c’est la volonté de faire payer le désengagement financier de l’État par les étudiant·es n’ayant pas de nationalité européenne qui a achevé l’université publique et ouverte que nous défendons.
Nous lui avons donc rendu un dernier hommage, en participant à une marche funèbre, devant le ministère.
Au cours de la marche, nous avons tou·tes senti qu’un miracle est possible.
Si notre ferveur et notre détermination sont suffisantes, notre université Ouverte renaîtra ! Mobilisons-nous et mobilisons autour de nous !
Seul un mouvement de masse pourra jeter les fondations de l’université publique, gratuite et émancipatrice que nous désirons !
Oraisons funèbres
Avant que les cercueils ne soient portés au Panthéon, les représentant·es des syndicats qui siègent au CNESER ont lu des oraisons funèbres pour l’enseignement supérieur public.
Voici celle lue par Hervé Christofol, SNESUP-FSU (nous reproduirons celles des autres représentant·es dès qu’elles nous parviendront).
« En ce lundi 11 mars, nous sommes réuni·es pour rendre un dernier hommage à l’enseignement supérieur public. Il aura permis à nombre d’entre nous de nous émanciper, d’acquérir et de construire des connaissances, de nous insérer dans la société tout en œuvrant à des transformations sociales et écologiques. Mais ce n’est plus d’actualité. L’Heure est à l’insertion professionnelle rapide et performante, aux compétences directement opérationnelles dans des emplois qui ne remettent pas en cause l’ordre social ni le fonctionnement ploutocratique des entreprises. En route vers les 3 à 5 ° de réchauffement climatique !
L’enseignement supérieur public ouvert et gratuit est mort.
En effet après avoir rendu les établissements autonomes avec la LRU et les avoir mis en concurrence pour qu’ils se battent afin de bénéficier des budgets pourtant nécessaires à leur activité, après avoir généralisé la sélection à son entrée avec la loi ORE et sa plateforme ParcourSup, voilà que ce gouvernement lui donne le coup de grâce en décidant d’augmenter à hauteur de 2500€ les frais d’inscription dans les écoles d’ingénieur pour toutes et tous et de 2770€ pour les étudiant·es étranger·es dans toutes les licences, et même de 3770€ pour ceux et celles qui s’inscriront en Master.
Il est vrai que quand seule une minorité bourgeoise accédait à un diplôme du supérieur, il était normal de financer leurs études via l’impôt, mais maintenant que plus de 70% d’une classe d’âge, dont des filles et fils d’ouvrières, d’ouvriers et d’employé·es souhaitent faire des études supérieures, ce n’est plus possible. D’ailleurs notre Président Emmanuel Macron en a bien conscience. Dans son discours d’Evry Courcouronne il explique que l’enseignement supérieur devrait accueillir 50000 bachelier·es de plus d’ici la fin du quinquennat et qu’il ne peut tout de même pas augmenter les impôts pour financer leur accueil. Ce ne serait pas populaire. Alors augmenter les frais, notamment ceux des étranger·es pour financer le désengagement de l’État apparaît comme la solution ! Il faut privatiser l’enseignement supérieur. Voilà pourquoi dès cette année, et au plus tard en 2020, toutes les formations de l’enseignement supérieur privée seront référencées sur la plateforme ParcourSup.
L’enseignement supérieur public, ouvert et gratuit est mort. Vive l’enseignement supérieur privé ! Vive le marché de la connaissance ! Vive le capital humain !
A bas les vieilles valeurs de notre République, la liberté, l’égalité et la fraternité qui ont fait leur temps. Vive la Start-Up Nation : Soumission, Distinction et Business voilà nos nouvelles valeurs
Et s’il vous plait commençons par nous disperser, il n’est pas bien vu de se lamenter sur le service public de l’enseignement supérieur ou alors …
Ou alors il faudrait résister en masse !
Par exemple en manifestant demain à partir de 14h depuis la place de la Sorbonne !
Résistance ! »